Pour comprendre les contraintes pesant sur un ouvrage d’art autoroutier, analysons d’abord ce qu’est concrètement un ouvrage d’art. Aussi variés qu’ils puissent être, vous verrez qu’ils sont bien présents dans nos paysages et que certains, à travers le monde, sont très célèbres.
Qu’est-ce qu’un ouvrage d’art ?
Un ouvrage d’art est un projet de grande envergure demandant beaucoup de moyens financiers, humains et techniques. Très nombreux, ces projets se déclinent sous différentes formes et sont présents dans nos paysages :
- Les ouvrages d’art routier et autoroutier (Viaduc de Millau…) ;
- Les ouvrages d’art ferroviaire (Viaduc de Garabit…) ;
- Les ouvrages d’art souterrains (tunnel du Mont-Blanc…) ;
Des ouvrages d’art liés aux voies navigables existent aussi comme les écluses, les digues, ou encore les murs de soutènement.
Enfin, pour qu’un ouvrage d’art puisse être nommé ainsi, il doit au moins répondre à l’un de ces trois besoins :
- L’ouvrage d’art doit permettre de franchir un obstacle présent sur une route, une ligne de chemin de fer ou un réseau fluvial (ponts…) ;
- L’ouvrage d’art doit être une protection en vue d’éventuelles actions de l’eau ou de la terre (barrage, digue…) ;
- L’ouvrage d’art doit être un moyen de transition entre différents modes de transport.
Naturellement, un ouvrage d’art autoroutier supporte une autoroute, au même titre qu’un ouvrage routier une route !
Quelles sont les contraintes qui pèsent sur un ouvrage d’art autoroutier ?
Régulièrement empruntés et sollicités, les ouvrages d’art autoroutier doivent répondre à un cahier des charges bien précis afin de limiter les risques de vieillissement prématuré et de mise en danger d’autrui. Pour ce faire, les spécialistes doivent organiser leur projet en fonction des différentes contraintes qui pèseront sur le futur ouvrage.
Des contraintes climatiques et géographiques
Parce que la Terre n’est pas plate et que les régions du globe ne sont pas soumises aux mêmes pressions climatiques et géographiques, le choix des matériaux, la forme de l’ossature et les armatures de l’ouvrage d’art doivent être scrupuleusement étudiés.
En France, ce sont les ouvrages d’art autoroutier en béton qui sont les plus présents. En 2018, la France comptait d’ailleurs pas loin de 250 000 ponts répartis dans l’hexagone. L’avantage du béton est qu’il bénéficie d’un savoir-faire mondialement reconnu. Aussi, précontraint ou non, il offre une grande résistance au temps qui passe et aux variations météorologiques (humidité, eau, chaleur, vent…).
Des contraintes de temps
Avec le temps, les voitures et les poids lourds passent et repassent. Aussi, le plus gros ennemi du béton est la corrosion qui attaque les armatures des ponts, les fragilisant. De tels aménagements doivent donc prendre en compte ces éléments et des études en amont peuvent être réalisées sur le taux de passage journalier pour anticiper au mieux d’éventuelles dégradations.
En moyenne, les ponts sont prévus pour tenir 100 ans, dans l’hypothèse d’un entretien du réseau régulier, de conditions climatiques favorables et d’absence de catastrophes naturelles de grande ampleur.
Comment est assuré l’entretien du réseau autoroutier ?
Pratique pour les automobilistes et les transporteurs, les ouvrages d’art demandent une véritable surveillance de tous les instants pour répondre aux nombreuses normes. Un pont ou tout autre ouvrage autoroutier bien entretenu dispose d’une maintenance qui doit pouvoir anticiper les dégradations du réseau et assurer en temps et en heure les réparations nécessaires.
En France, les consignes de surveillance des ouvrages routiers et autoroutiers sont assurées par le CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), sous la férule du ministère de la Transition écologique et solidaire et du ministère de la Cohésion des territoires.
Ainsi, en adéquation avec l’instruction Technique de Surveillance et d’Entretien des Ouvrages d’Art, les ponts ouvrages d’arts routiers et autoroutiers sont soumis à :
- Un contrôle annuel ;
- Une évaluation tous les 3 ans ;
- Un bilan détaillé tous les 6 ans.
Que se passe-t-il après l’effondrement d’un ouvrage d’art autoroutier ?
Malheureusement, malgré toutes ses vigilances et les nombreuses études de terrains menées en amont, il n’est pas rare que l’écroulement d’un pont ou l’affaissement de la chaussée d’une autoroute fasse la Une des journaux. À ce moment-là, plusieurs questions se posent :
- Que faire lorsque l’on est victime du vieillissement ou de la malfaçon d’un ouvrage d’art autoroutier ?
- Qui sont les responsables ?
- Le sinistre aurait-il pu être évité ?
- Quels sont les signes d’un ouvrage d’art autoroutier défectueux ?
Autant de questions qui n’ont pas toujours de réponses. Que le pont soit en bois, en béton, en pierres, en briques ou métalliques, une enquête est toujours menée pour déterminer la cause du désastre. Enfin, selon les circonstances, le pont détruit est laissé tel quel ou bien il est reconstruit plus efficacement après démolition complète de l’ancien ouvrage d’art.